Les entreprises internationalisées connaissent une croissance plus rapide, sont plus rentables et mieux à même de créer de la valeur et des emplois que leurs homologues nationales. En travaillant avec des clients, des fournisseurs, des organismes financiers et d’autres partenaires à l’étranger, ces entreprises doivent souvent traiter en devises étrangères et s’exposent à un certain degré de risque dans ce processus. Avec les récentes fluctuations des devises mondiales, le risque de change est une préoccupation pour les entreprises ayant des clients, des fournisseurs ou une production dans d’autres pays.
Au fil des ans, les monnaies varient de manière significative :
Avec la crise sanitaire du coronavirus en 2020, les deux dernières années ont vu des fluctuations spectaculaires des taux de change des devises. Les réglementations strictes visant à contenir l’épidémie ont ralenti l’économie mondiale, déclenchant une forte variation des taux de change. La récente guerre russe en Ukraine a apporté encore plus d’incertitude sur les marchés internationaux. Les entreprises internationalisées ont été et seront fortement impactées par ces situations qui auraient pu être anticipées et mieux gérées par des entreprises disposant des outils appropriés.
Qu’est-ce que le risque de change ?
Qu’ont en commun des monnaies comme la lire turque, le rouble russe, le peso argentin et le rand sud-africain ? Ces dernières années, ces monnaies ont connu les plus fortes fluctuations.
Selon Investopedia, « le risque de change désigne les pertes qu’une transaction financière internationale peut subir en raison des fluctuations monétaires. Il décrit la possibilité que la valeur d’un investissement ou d’un paiement diminue en raison des variations de la valeur relative des devises concernées. »
Si la monnaie locale d’une entreprise est forte, elle peut réduire la compétitivité des exportations de l’entreprise à l’étranger lorsque les monnaies des pays cibles sont plus faibles. Cette compétitivité réduite peut avoir pour effet d’accroître le déficit commercial du pays, et finalement d’affaiblir la monnaie par un mécanisme d’auto-ajustement.
D’autre part, si la monnaie locale d’une entreprise est faible, sa compétitivité à l’exportation peut être forte. En effet, les pays dont la monnaie est forte seront tentés d’importer des produits des pays dont la monnaie est plus faible.
Les taux de change des devises peuvent avoir un impact sur le commerce des marchandises, la croissance économique, les flux de capitaux, l’inflation et les taux d’intérêt.
Quel est l’impact du risque de change sur les entreprises ?
Maintenant que le concept de risque de change est clair, pour être bien préparée, une entreprise doit savoir quels types de risques elle pourrait encourir en traitant avec des entreprises étrangères. Les entreprises internationalisées sont exposées à trois types de risques : le risque de transaction, le risque de conversion et le risque économique ou d’exploitation.
– Le risque de transaction est le phénomène qui résulte de l’effet des fluctuations du taux de change lors de la conversion d’une devise à une autre pour effectuer ou recevoir un paiement. Essentiellement, le délai entre la transaction et le règlement est la source du risque de transaction. Ce type de risque a un impact à court ou moyen terme.
Par exemple, une entreprise allemande opérant en Chine cherche à transférer 30 000,00 CNY de bénéfices sur son compte allemand. Si le taux de change au moment de la transaction est de 1 EUR pour 6 CNY, et que le taux chute ensuite à 1 EUR pour 7 CNY avant le règlement, la recette attendue sera de 4 285,70 EUR (30 000,00 CNY/7) au lieu de 5 000,00 EUR (30 000,00 CNY/6). La société a perdu 715 EUR en une seule transaction à cause de cette fluctuation, ce qui montre à quel point la variation du taux de change peut avoir un impact sur la marge d’une entreprise.
– Le risque de conversion, également connu sous le nom d’exposition à la conversion, est le risque que court une entreprise dont le siège social est situé dans le pays mais qui opère dans une juridiction étrangère, et dont les résultats financiers sont exprimés dans sa monnaie nationale. Le risque de conversion est plus élevé lorsqu’une entreprise détient une plus grande partie de ses actifs, passifs ou actions dans une devise étrangère. Ce type d’exposition est de moyen à long terme.
Par exemple, une société mère qui établit ses rapports en euros mais qui supervise une filiale basée en Chine est confrontée à un risque de conversion. En effet, les résultats financiers de la filiale – qui sont exprimés en yuans chinois – sont convertis en euros à des fins de reporting.
– Le risque économique est le risque que la valeur marchande d’une entreprise soit affectée par les fluctuations des taux de change dues aux conditions macroéconomiques. Ces conditions macroéconomiques peuvent être des instabilités géopolitiques et/ou des réglementations gouvernementales qui peuvent renforcer ou affaiblir la monnaie locale par rapport à celles des concurrents.
Par exemple, un fabricant de meubles japonais qui vend localement peut être confronté à un risque économique de la part des importateurs de meubles chinois si le Yuan se renforce de manière inattendue.
Comment identifier le risque de change ?
Une entreprise peut utiliser des outils pour identifier à l’avance les risques de change afin d’y être mieux préparée.
Le calcul de la valeur à risque, ou VAR, est l’une des formules les plus populaires pour mesurer le risque de change. La VAR permet de connaître les pertes dans le pire des scénarios. Une statistique VAR comporte trois éléments : une période, un niveau de confiance et un montant de perte (ou pourcentage de perte). Cet indicateur donne la pire perte possible entre 95 % et 99 % de confiance pour une période donnée. Il permet aux entreprises d’anticiper et de se préparer au risque de perte.
Une autre méthode qui peut être utilisée est l’examen du cycle d’exploitation de votre entreprise pour savoir où le risque de change existe. Le cycle d’exploitation est le temps nécessaire pour que les liquidités d’une entreprise soient mises en œuvre dans ses opérations, puis retournées sur le compte de trésorerie de l’entreprise. Il est important d’identifier où se situent les risques dans votre fonctionnement en tant qu’entreprise. Cela vous aidera à déterminer la sensibilité de votre marge bénéficiaire aux fluctuations monétaires. Le cycle d’exploitation correspond à :
les jours de vente en stock (365 jours/ratio de rotation des stocks) + le délai moyen de recouvrement (365 jours/ratio de rotation des créances).
Afin d’avoir une idée du niveau de risque de change, il est intéressant de comparer la variation de valeur entre la devise du siège social d’une entreprise et celle du pays cible d’exportation sur le moyen terme (illustré ci-dessous). Prime Target vous propose d’intégrer dans votre étude de marché comparative son nouvel indicateur qui compare vos pays cibles en fonction de la variation de leur devise sur les 5 dernières années ainsi que du niveau de risque de change.
Dans cet exemple sur l’image ci-dessous, il s’agit d’une entreprise brésilienne qui hésite à exporter entre 5 pays : Le Mexique, le Gabon, l’Italie, le Vietnam et les Etats-Unis. Nous nous sommes intéressés aux différentes devises des pays présélectionnés. Il apparaît que les États-Unis représentent le plus de risque avec un niveau de risque de 8,19 avec une baisse maximale de 23% entre 2017 et 2022 et une hausse de 13% en 2021 et une fluctuation de 22 points entre avril et juillet 2021. Il est donc conseillé à l’entreprise exportatrice d’envisager la mise en place pour les États-Unis d’une solution de gestion des risques de change.
Le risque de change est-il important lorsque vous choisissez vos marchés internationaux ?
Choisir d’internationaliser son activité ou d’étendre son influence internationale est la clé pour gagner des parts de marché mais aussi et surtout, pour augmenter son chiffre d’affaires. Avant de sélectionner les marchés cibles, il est important de prendre en compte de multiples indicateurs dont le risque pays. Le risque du pays peut être défini par la perception de la corruption ou de son économie mais aussi par le risque de variations que représente sa monnaie locale. En effet, comme mentionné ci-dessus, un pays avec une forte variation de sa valeur représente un risque élevé pour une entreprise qui souhaiterait y exporter ou y produire. Si les transactions sont soumises à de fortes fluctuations de la monnaie du pays cible, l’entreprise exportatrice fait face à beaucoup d’incertitudes et au risque de voir sa marge réduite, voire réduite à néant.
Comment diminuer les risques de change ?
Il existe de nombreuses façons de réduire le risque de change. Si vous êtes vendeur, le moyen le plus simple est de négocier d’être payé dans votre devise. Le risque de change est alors transféré à l’acheteur, mais il n’est pas toujours facile d’obtenir ce type de contrat.
Il est également possible de partager le risque en choisissant une devise étrangère pour l’acheteur et le vendeur ou d’effectuer un paiement dans la devise du vendeur et l’autre partie dans la devise de l’acheteur. S’il n’est pas possible d’éviter les transactions dans une devise étrangère, il existe différents moyens de se couvrir contre le risque de change.
Les outils de gestion du risque de transaction:
– Options
Une option sur devises est un contrat qui donne à un acheteur, en l’occurrence une entreprise, le droit mais non l’obligation d’acheter ou de vendre une devise à un taux de change prédéfini. Cette transaction peut être effectuée jusqu’à la date limite de l’option. Pour avoir accès à ce type de contrat, l’entreprise doit payer une prime.
Il existe deux types d’options sur devises pour gérer le risque. Une option « put » donne au vendeur de l’option le droit de vendre un nombre déterminé d’unités de devises étrangères à un prix fixe. L’autre est ce que l’on appelle une option « call », qui permet d’acheter la devise étrangère à un prix fixé dans la devise du siège social de l’entreprise.
Un contrat d’option est la seule solution qui permet, en plus de sécuriser les pertes, de potentiellement gagner de l’argent. En effet, l’entreprise peut choisir entre le taux qu’elle a fixé avec son option, ou le taux actuel qui peut être plus avantageux.
– Les couvertures du marché monétaire
Ce type de couverture fonctionne de la manière suivante : si une entreprise sait qu’elle fera un achat dans une autre devise à l’avenir, elle peut acheter la valeur du montant de la transaction dans la devise étrangère requise au taux actuel. Cette ressource en devises est stockée sur un compte bancaire jusqu’au moment de la transaction. Avec cette méthode, l’entreprise sécurise ses pertes et gagne des intérêts. Les entreprises utilisent cette méthode pour les transactions élevées et récurrentes. Par exemple, si une entreprise a un fournisseur majoritaire en Chine, elle créera un compte en yuan afin de stocker à l’avance pour ses futurs besoins d’approvisionnement.Ce type de contrat est l’un des moyens les plus courants pour les entreprises de se couvrir contre les fluctuations défavorables des taux de change, car l’entreprise n’a pas besoin d’intermédiaires pour exécuter cette action.
– Contrats à terme
Un contrat à terme est une bonne solution pour qu’une entreprise puisse faire face aux risques de transaction. Un contrat à terme évite les fluctuations de la valeur d’une transaction lorsqu’une conversion de devises est effectuée à l’avenir. Les fluctuations sont évitées en fixant la valeur du taux de change à la valeur qu’il a le jour de la transaction comme celle qui sera prise en compte lors du règlement. Ce type de contrat vous permet de prévoir et de protéger votre trésorerie en éliminant les incertitudes d’une transaction internationale et sécurise la valeur de l’achat pour un importateur, ou de la vente pour un exportateur. Un contrat à terme est généralement effectif pour une période d’un an.
Par exemple, une entreprise allemande achète des matières premières à son fournisseur chinois avec un délai de paiement de 30 jours après la commande. Elle peut décider de payer le montant au moment prédéfini en supposant la valeur que le yuan aura gagnée ou perdue par rapport à l’euro ou décider de conclure un contrat à terme pour s’assurer que l’euro ne perdra pas de valeur par rapport au yuan pendant la période de 30 jours.
– Contrats de swap (ordre limite)
Une autre solution au risque de change peut être de mettre en place un ordre limite. Ce type de contrat fixe le taux de change idéal auquel un importateur voudrait payer. Cette stratégie est utilisée lorsque les taux de change sont momentanément défavorables et qu’il n’y a pas de conditions de paiement limitées.
Par exemple, un importateur allemand passe une commande à son fournisseur anglais, mais à ce moment-là, le taux de change est de 1EUR=0,87GBP. L’importateur peut choisir de placer un ordre limite auprès de son prestataire de services de paiement en visant un taux de 1EUR=0,90GBP. Lorsque ce taux est atteint, le paiement est effectué.
Risques de conversion et risques économiques
Il est impossible d’éliminer complètement les risques de conversion et les risques économiques, mais il est possible de les réduire par la mise en œuvre d’une politique de change (voir l’image ci-dessous). Une politique de change efficace commence par une compréhension claire des objectifs financiers de l’entreprise et de l’effet que les fluctuations des taux de change peuvent avoir sur ces objectifs. Par exemple, si les entrées et les sorties de fonds opérationnelles se font dans des devises différentes, l’objectif d’EBITDA peut être compromis par les variations des taux de change lorsque les actifs sont réévalués avec de nouveaux taux de change. La politique de gestion du risque de change permet de surveiller et de réduire les risques de change.
Conclusion
En conclusion, il existe 3 risques de change qui peuvent impacter vos marges et votre capacité à prévoir vos gains : le risque économique, le risque de transaction et le risque de conversion. Vous pouvez identifier ces risques en les mesurant avec des formules telles que la » valeur à risque » ou des logiciels tels que Prime Target qui intègre le niveau de risque et les variations de change à moyen terme dans son étude de sélection de marché. Ces risques peuvent être réduits, voire évités, en utilisant des contrats de couverture tels que les options, les couvertures du marché monétaire, les contrats à terme, les contrats de swap ou en mettant en place une politique de change.
Comment Prime Target peut vous aider dans votre internationalisation et l’identification des taux de change ?
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